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En écho direct à Transparaître, recueil poétique paru en 2019 dans lequel, partant de sa propre expérience, elle ausculte les injonctions faites aux (corps des) femmes tout au long de leur vie, Séverine Daucourt se confronte ici plus précisément à ce que vieillir veut dire pour une femme – et aussi un peu, par contrecoup, pour un homme. (…) Pop buissonnière subtile et vivace, la musique fait idéalement corps avec les mots, à la fois crus et doux, d’une saisissante véracité organique. Exempt de toute p(r)ose moralisatrice, continûment porté par une ardente puls(at)ion de vie, l’ensemble constitue, comme le dit joliment Séverine Daucourt, « une sorte de plaidoyer pour le droit à la persistance du rêve et du désir».
Jérôme Provencal, Politis, 15 mars 2023
Objet hybride pop, spoken word, rock, pronunciamiento indomptable, intrépide et généreux, on est fasciné par cette symphonie des mots et du corps qui réveille les consciences, par le travail sur la musicalité des mots, sur leur scansion enivrante. La complexité des relations est au centre de ce projet intense, parfois violent, frontal sans être trivial. Un texte féministe sans tabous et sans jugement, un engagement fort dans une forme de transparence avec un travail minutieux de la langue. (…) Si le son est velvetien, point de femme fatale dans cette litanie effrayante pour celle qui fait la grève du mirage, se sauve la peau, déclare son âge en fête.
Guimauve, SoulKitchen, 15 décembre 2022
(…) Les tournants semblent eux-aussi être multiples : ainsi ton livre Transparaître paru en 2020 chez LansKine marque un tournant dans ton écriture, à mi-chemin entre l’analyse, l’auto-fiction et la poésie, il a été le terreau d’un autre projet hybride : l’album-livre Transparaître (encore) qui sort en février 2023, réalisé par Armelle Pioline (Superbravo) et Michel Peteau (Cheval fou), entre pop indé et spoken word. Est-ce pour toi une façon nouvelle de réinventer un lien entre poésie et musique ? Tu cherches à la fois un entre-deux entre chants et parole poétique, à faire dialoguer la culture pop et la culture poétique mais aussi à inventer une nouvelle forme éditoriale ? (…)
Entretien avec Laure Gauthier sur Remue.net : Poésie, musique et dialogue des arts
C’est un choc, c’est un événement dans l’espace poétique contemporain que Séverine Daucourt signe avec Les Eperdu (e)s qui paraît aux toujours passionnantes éditions LansKine. Dans une puissance lyrique au souffle suffoquant, Daucourt livre une odyssée poétique tremblante mais ferme depuis son expérience personnelle du suicide, sa place de soignée à partir de laquelle, devenue poète et soignante, elle va sonder ce qui dans la société étiquette les unes et les autres. Dans une forme poétique qui tresse les voix des soignés, de l’institution médicale et des poètes, Daucourt défend la poésie comme renaissance à la singularité entière du monde. Inutile de dire que Diacritik ne pouvait qu’aller à la rencontre de la poète le temps d’un grand entretien pour échanger autour de l’un des livres majeurs de l’année.
Yoan Faerber, Grand Entretien du 21/11/2022
La voix de Séverine Daucourt est à entendre absolument : bouleversante, tragique, humoristique parfois, elle n’est jamais pesante, dynamique au contraire, portée par un élan qui ressemble à la joie, qui est peut-être, tout simplement, le goût, l’amour des autres, l’obstination : ne pas couler, rester à flot, « partir en quête d’un soi non colonisable ».
Marie Etienne, En attendant Nadeau, 07/06/2023
À lire sur En attendant Nadeau
(…) Ce livre est une ode terrible au drame porté par le féminin. Il est déshabillé, mettant en place les grands acteurs de la tragédie sans pour autant les confondre complètement. Il se dispense des afféteries habituelles du milieu et du genre.
(…)
C’est une poésie politique dans le beau sens du terme et Séverine Daucourt est une poète engagée dans le cycle de la vie.
Paul de Brancion, Remue.net, février 2019
C’est un peu King Kong Théorie version poésie. Transparaître, de Séverine Daucourt, exprime la même rage, le même féminisme, exorcise (à peu près) les mêmes histoires que le brillant manifeste de Virginie Despentes.
(…)
Par son féminisme, le livre de Daucourt est politique bien sûr mais il est aussi le journal – désarmant de franchise – du corps d’une femme.
Guillaume Lecaplain, Libération, 4 mars 2019
(…) Le livre garde jusqu’au bout sa ligne narrative, sa force énonciative : pas de justification, aucune explication, pas de bavardage savant sur le Désir, le Corps ou la Jouissance, mais une réserve de mots tenus en laisse, une écriture osée, dosée, frontale et maîtrisée, qui fait tout le prix de l’entreprise et de ce texte un véritable OVNI.
(…) Le miracle s’accomplit puisque lecteur nous sommes lecteur nous resterons, destinataire élus, à la fois titillés, provoqués par l’ardeur du récit mais scrupuleusement protégés par sa poésie intime et sensitive ; témoins jaloux de l’invisible de notre condition. Cette place providentielle qui nous est réservée fait de transparaître un texte sans limites, un beau, un très grand livre d’un genre indéfini, requalifié, comme un ultime défi, en « poème politique ».
Didier Cahen, Poezibao, février 2019
La maladie de Parkinson est caractérisée par la disparition de neurones dans une zone particulière du cerveau appelée « substance noire » ou « Locus Niger ». Noire substance est un texte, le résidu d’une expérience intime : la mort programmée du père de l’autrice, touché par cette pathologie. Il tente de relater cet étrange voyage au cours duquel le moi se délite et où le corps seul finit par compter et imposer sa façon de parler. Même s’il intègre à la narration les détails des conséquences de la dégénérescence, ce récit n’est que la vérité de celle qui l’a écrit en cherchant, comme dans ses précédents livres, à ne jamais mentir, à saisir l’abrupt de la vie pour y débusquer aussi l’improbable douceur.
Quatrième de couverture
Ce travail cherche et touche le corps de la langue, la relation la plus étroite qu’il se puisse (et donc jamais immédiate, toujours articulée, mais ici avec une force rare, et parfois merveilleusement), à un corps subjectif et à l’expérience qui en est faite.
François Lallier
Séverine Daucourt-Fridriksson exige ce qu’elle sait intelligible des vertus de la langue en poème et elle s’ouvre ainsi à la surprise d’être à son tour portée par les effets qu’offre le risque pris de creuser jusqu’aux limites de l’écriture, effets de découvertes liées au pouvoir salvateur de signifiants qui bouleversent, voire renversent, l’ordre et la marche du monde : Eurydice précède Orphée, qui ne se retourne(ra) pas. Un renversement métaphorique certes, mais qui permet de dépasser les représentations d’un réel sur-présent, de saisir les enjeux incarnés dont personne ne peut ou ne sait se déprendre, se défaire, à commencer par soi.
Yves Boudier
Entre. La peau le jour, le joui le chant, l’éclaircie contenue et le sexe gant retourné du saisir. Une vie pensée, inquiète de ne pas se fuir elle-même, attachée au souci de l’intime pour « à la ligne se refonder ». Voici un livre tranché et composé, qui met en pages –plus qu’en scène- les pulsions converties par l’écriture des manières de faire langue, dans le flux d’une prose séquencée, d’un resserrement sur le poème et les ponctuations constellées du silence. Comment « remonter de la mort », atteindre encore la vie (de) la langue et cautériser « la plaie autobiographique » si, pour signer l’acquiescement aux chairs humaines et aux herbes foulées, la peur lucide de s’effacer entre domine ? Le poète parie sur l’hypothèse du triple, dépasse l’espace duel ouvert du manque et cadre l’action vitale au cœur du vide incomblé que les respirations du corps et de la mort « réversible » quotidiennement disposent, « imprévuvisibles », mais friables car les « mots [qui] ont le sens qu’ils sont ».
Yves Boudier, CCP n°28, novembre 2014
« On croyait tout connaître et de la vie et de la poésie… Et puis, variations de l’intime avec arabesques et soupirs, A trois sur le qui-vive, de Séverine Daucourt-Fridrikson (née en 1970), fait le pari d’une langue qui réenchante le sexe. »
Didier Cahen, Le monde des livres, 22 mars 2013.
« [R]ester dans le / bon ordre des intervalles comme en musique en soi-même » ; afin de donner à entendre le sens par-delà l’impact des vocables sur l’ouïe intérieure, l’auteure conjugue des intervalles, faisant de chaque page une partition qui trouve dans le signe typographique et le blanc (et, mais dans une moindre mesure, l’italique) les ressources nécessaires pour que la lumière de notre humanité surgisse du fond de la page, puisque c’est nous qui la modelons, à mesure que nous sommes en prise avec le mystère du vivant, faisant l’élocution de notre ipséité, lisant. À mesure que nous sommes en prise avec le mystère d’À trois sur le qui vive. « [Q]uelque chose tu sens s’insinue / dans l’entre / pour sentineller sur l’étendue […] ».
Matthieu Gosztola, Sitaudis, 10 mai 2013
(…) Rien à voir avec cet érotisme qui abonde dans la littérature d’aujourd’hui, érotisme désenchanté, violent, vulgaire, grossier et répulsif, non, il y a dans cette poésie un érotisme du dénuement verbal, « parfois l’abîme se dénude s’éblouit ». La présence du corps et du sexe ne sont d’aucune obligation pour qu’Eros soit réveillé d’entre les dieux morts, car il se pourrait que l’érotisme selon Séverine Daucourt-Fridriksson, ce soit lutter contre « la condamnation à vivre », par subjugation.
Jean-Pascal Dubost, Poezibao, 4 mars 2011
(…)
Séverine Daucourt-Fridriksson avance en douceur. Elle s’immisce dans « une galaxie intime dévorée » en y gravant des fragments lumineux. En se servant des mots (choisis, polis, assemblés à la fois pour leur sonorité, leur sens, leur physique) comme autant d’outils capables de travailler la langue.
« un mot phare au bout de la langue clignote et tous les autres mots assaillant par tous ses bouts la langue ».
Sa façon de lier corps, langue et terre et, par extension, de s’y perdre tout en jouant à s’y retrouver est souvent empreinte d’une malice proche d’une bonne humeur qu’elle nous transmet. Sans pour autant annihiler une douleur que l’on sent en embuscade.
Sa force est de ne jamais en rajouter. Elle réussit ainsi à contenir son texte tout en ouvrant des vannes sensitives propices au grand débordement.
(…)
Salerni, ce sont à peine soixante pages pour découvrir une voix peu commune. Une voix claire, dérangeante, tranchante. Il n’y a pas à hésiter une seconde : la rencontre, étonnante, est bel et bien au rendez-vous.
Jacques Josse, remue.net, décembre 2009
Salerni est des cinq séquences de ce recueil bref mais intense, pour ne pas dire radio-actif, dans sa dimension aphoristique prévalente : « jusqu’où faudra-t-il se dénuder ? dire que j’ai été si heureuse d’être découverte » côtoie « m’inventer (art de vivre) une âme digne d’être rendue » c’est dire que l’aspect « notes de carnets » est vite dépassé pour entendre une réflexion sur la langue et la poésie, les pouvoirs de leur impouvoir, active passivité de leur éros, au moyen d’une disposition qu’aèrent le blanc et une ponctuation sui generis.
Ronald Kapla, La lettre de la Magdelaine, septembre 2009
Prix Ilarie Voronca 2004
L’île écrite est une série de textes composée en Islande, grâce à l’Islande et pour l’Islande.
(Pour les traductions, rendez vous dans la rubrique « Bibliographie»)